Le poisson tropical est aussi bruyant qu'un avion à réaction - Triops Galaxy

Un minuscule poisson tropical est aussi bruyant qu’un avion à réaction

L’attente selon laquelle les animaux bruyants sont aussi grands est souvent déçue, en particulier dans le cas des mâles d’une espèce de poisson tropical. Les mâles de Danionella cerebrum ne mesurent qu’environ un centimètre, mais ils ne correspondent pas au cliché habituel, car ils peuvent produire une pression sonore similaire à celle d’un avion de chasse. Des chercheurs viennent de décrypter le mécanisme qui se cache derrière ce phénomène.

Pression sonore d’un moteur à réaction à 100 mètres de distance

Cette minuscule espèce, qui n’a été décrite qu’à l’automne 2021, vit dans les rivières qui s’étendent le long des contreforts des monts Bago Yoma au Myanmar. Le nom de l’espèce, D. cerebrum, fait référence au plus petit cerveau de vertébré connu que possède le poisson transparent. Une équipe de recherche, dirigée par Verity Cook de la Charité Universitätsmedizin de Berlin, a utilisé des caméras à haute vitesse pour étudier le processus. L’étude, publiée dans la revue spécialisée PNAS, montre qu’un cartilage dit “tambour” se précipite contre la vessie natatoire de l’animal avec une accélération 2000 fois supérieure à celle de la gravité.

Ralf Britz des collections d’histoire naturelle Senckenberg, qui a décrit l’espèce pour la première fois et a participé à l’étude actuelle, raconte qu’il a entendu les claquements des poissons dans l’aquarium. Ces sons servent à communiquer dans les rivières troubles, où la visibilité est souvent très limitée. Des mesures effectuées dans des aquariums ont montré qu’à une distance d’environ un centimètre, les animaux produisent un niveau sonore de 147 décibels, ce qui est extrêmement fort pour leur taille. Cela correspond à peu près à la pression sonore d’un moteur à réaction à une distance de 100 mètres. En comparaison, les éléphants n’atteignent que 125 décibels.

Pour étudier le mécanisme de production des sons, l’équipe a observé des groupes de trois ou quatre de ces petits poissons transparents dans un aquarium, avec au moins un mâle. Ils ont filmé les animaux avec des caméras à haute vitesse, capables de fournir jusqu’à 8000 images par seconde. Les sons sont produits si rapidement que l’équipe a pu voir sur une seule image une contraction de la vessie natatoire, qui s’est produite en 125 microsecondes. Comme c’est beaucoup plus rapide que n’importe quelle contraction musculaire connue jusqu’à présent, les chercheurs ont cherché un autre mécanisme et ont découvert qu’à chaque son, une côte de l’animal se déplace, s’arrête et revient à sa position initiale. Ils ont également trouvé un minuscule cartilage de tambour qui est également impliqué dans la production du son.

Des micro-tomographies ont montré que les mâles de cette espèce ont un muscle tambour à gauche et à droite. La contraction de ces muscles tire la cinquième côte vers l’avant, ce qui tend le cartilage du tambour. Dès que la tension se relâche brusquement, le cartilage s’élance à la vitesse de l’éclair contre la vessie natatoire.

Sladjan Lazic

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